1) Qu’est-ce qu’une pathologie post-incendie ?

Une pathologie post-incendie regroupe les désordres provoqués par les hautes températures, les chocs thermiques, les fumées et l’eau d’extinction. L’intensité du feu, la durée d’exposition et la nature des matériaux déterminent l’ampleur des dommages.

Ces altérations concernent la structure porteuse (béton, acier, bois, pierre), les revêtements, mais aussi les réseaux électriques et les canalisations. L’expertise post-incendie vise à évaluer la sécurité immédiate et à planifier la réhabilitation technique.

2) Effets physiques et chimiques de l’incendie sur les matériaux

a) Béton

• Fissuration et éclatement superficiel (spalling),
• Perte de résistance mécanique dès 300 °C,
• Déshydratation du ciment et perte d’adhérence avec les aciers,
• Corrosion accélérée des armatures.

b) Acier

• Ramollissement dès 400 °C, perte de résistance à 600 °C,
• Déformations plastiques (flambement, torsion),
• Oxydation de surface (calamine) altérant l’adhérence des peintures et protections.

c) Bois

• Carbonisation en surface à partir de 300 °C,
• Perte de section portante mais cœur parfois intact,
• Dégagement de gaz toxiques dans les charpentes anciennes.

d) Autres matériaux

• Verre fissuré, dilaté ou déformé,
• Plâtres et enduits pulvérulents, décollés,
• Céramiques et carrelages éclatés ou décollés par choc thermique.

3) Pollution chimique et contamination

• Dépôts de suies acides contenant des hydrocarbures,
• Résidus corrosifs (HCl, SO₂, NOx) attaquant les métaux et isolants,
• Contamination olfactive persistante dans les matériaux poreux,
• Risques sanitaires pour les occupants (COV, amiante libéré, plomb vaporisé).

4) Diagnostic post-incendie

Le diagnostic est réalisé par un expert structure et un laboratoire d’analyse des matériaux. Il comprend plusieurs étapes :

• Inspection visuelle et cartographie des zones affectées (couleur, fissures, déformations),
• Mesures thermiques résiduelles et relevés d’humidité,
• Essais non destructifs : scléromètre, ultrason, ferroscan, endoscopie,
• Prélèvements et analyses chimiques en laboratoire (chlorures, sulfates, carbonatation),
• Évaluation de la résistance résiduelle (béton, acier, bois),
• Contrôle de pollution de l’air et des surfaces (suies, HAP, métaux lourds).

5) Risques et conséquences post-incendie

• Instabilité structurelle ou effondrement différé,
• Affaiblissement mécanique des planchers, poutres, poteaux,
• Corrosion accélérée des aciers exposés à la chaleur et à l’humidité,
• Risque sanitaire lié aux suies, COV et moisissures post-sinistre,
• Dégradation esthétique (noircissement, odeurs persistantes),
• Réduction de la valeur patrimoniale du bâtiment.

6) Réhabilitation et traitements post-incendie

• Sécurisation immédiate du site (étaiement, purge, mise hors d’eau),
• Nettoyage spécialisé : décontamination des suies, neutralisation des acides, assèchement contrôlé,
• Renforcement structurel : chemisage béton, platines acier, fibres composites (FRP),
• Remplacement ou réparation des éléments déformés,
• Assainissement de l’air et traitement anti-odeurs par ozone ou plasma,
• Réfection des finitions avec matériaux compatibles (enduits respirants, peintures minérales).

La remise en état doit suivre un plan d’exécution validé par un bureau d’études structure et un contrôle de conformité à la fin des travaux.

FAQ — Pathologie post-incendie